Plusieurs entreprises de cuivre-cobalt confinent les employés sur leur lieu de travail
(Lubumbashi, 11 juin 2020) – Les multinationales d’extraction de cuivre et de cobalt en République démocratique du Congo devraient prendre des mesures immédiates pour protéger les droits de milliers de travailleurs congolais pendant la pandémie de Covid-19, a déclaré aujourd’hui un groupe de 11 organisations internationales et congolaises de défense des droits humains dans une lettre adressée à 13 sociétés minières.
Les organisations ont exhorté les entreprises à respecter les droits des travailleurs lorsqu’elles adoptent des politiques visant à empêcher la propagation de Covid-19 tout en poursuivant les opérations minières. Des travailleurs et des représentants syndicaux ont signalé que dans de nombreux cas, les travailleurs n’avaient pas eu le choix et avaient été informés par les gestionnaires qu’ils devaient rester sur le site et travailler – confinés sur place 24 heures sur 24, sept jours sur sept, s’ils ne voulaient pas perdre leur emploi. Dans au moins six sites miniers, les travailleurs sont confinés depuis plus de deux mois.
« Nous vous rappelons que vous avez la responsabilité de respecter les droits des travailleurs et les droits de l’Homme de l’ensemble de votre main-d’œuvre, qu’ils soient employés directement par vous ou par l’intermédiaire d’un sous-traitant, tel que mandaté par les Principes Directeurs relatifs aux Entreprises et aux Droits de l’Homme de l’ONU (UNGPs) et les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales » ont déclaré les organisations. « La situation actuelle ne doit pas être utilisée comme prétexte pour porter atteinte à ces droits et contourner vos responsabilités. »
Les travailleurs de certaines mines ont dit recevoir des rations alimentaires et d’eau inadéquates, et avoir des installations d’hébergement surpeuplées ainsi que des toilettes et installations sanitaires insalubres, risquant ainsi la propagation du Covid-19. Certains ont dit qu’ils étaient obligés de travailler au-delà du quart de travail réglementaire maximal de 8 heures par jour, sans salaire supplémentaire. Les travailleurs ont déclaré qu’ils n’avaient reçu que peu ou pas de communication concernant la durée du confinement ou les plans futurs en réponse au Covid-19.
Les organisations de défense des droits humains ont exhorté les sociétés minières à mettre fin à toute politique de confinement. Les entreprises qui néanmoins poursuivent de telles politiques ont la responsabilité de garantir des conditions adéquates aux travailleurs confinés sur leur site. Les travailleurs devraient avoir le choix libre et équitable de continuer à se rendre au travail tout en vivant à la maison. Les contrats de travail pour les travailleurs choisissant de rester à la maison devraient être maintenus, ont indiqué les organisations.
Les organisations de défense des droits humains ont également signalé avoir reçu des témoignages crédibles de travailleurs et de représentants syndicaux selon lesquels la majorité des sociétés minières ne respectaient pas les recommandationsde l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la prévention de la propagation du Covid-19, notamment concernant les mesures de distanciation sociale, les équipements de protection individuelle et les installations de lavage de mains, qu’elles soient ou non en « lockdown».
« Nous sommes conscients que des décisions difficiles doivent être prises en ces temps troublés», ont déclaré les organisations. « Néanmoins, le bien-être de vos travailleurs devrait être au cœur de toutes les décisions prises.»
Certaines des plus grandes sociétés minières du monde exploitent des mines de cuivre et de cobalt en RD Congo, notamment Glencore, Eurasian Resources Group (ERG), Ivanhoe Mines, China Molybdenum et Huayou Cobalt Company. La RD Congo est la principale sourcemondiale de cobalt, fournissant environ 70% de la production globale. Le cobalt est essentiel pour les batteries rechargeables des véhicules électriques et des équipements électroniques.
Aumoins six sociétés minières seraient en « lockdown» complet ou partiel. Il s’agit notamment de la Sino-Congolaise des Mines (SICOMINES), de la Compagnie Minière de Musonoie (COMMUS), de Somidez (la mine Deziwa), de la Minière de Kalukundi (LAMIKAL), de la mine Kamoa-Kakula et de la Minière de Kalumbwe Myunga (MKM).
La lettre peut être lue ici.
Les organisations signataires sont :
Amnesty International
Human Rights Watch
Rights and Accountability in Development (RAID)
Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains (ACIDH)
Action pour la Défense des Droits Humains (ADDH)
African Resources Watch (AFREWATCH)
Cadre Provincial de Concertation de la Société Civile du Lualaba
Centre d’Assistance Juridico-Judiciaire (CAJJ)
Centre Arrupe pour la Recherche et la Formation (CARF)
Initiative pour la Bonne Gouvernance et les Droits de l’Homme (IBGDH)
Secrétariat des Syndicats IndustriALL de la CDT – RDC